Emma Tholot

Diplôme Photo/ Vidéo, 2020

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@emmatholot

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¡ BAILA MARIA !

Photogramme de ¡ Baila Maria !, vidéo HD, 21’47, 1,66:1, 2020
Photogramme de ¡ Baila Maria !, vidéo HD, 21’47, 1,66:1, 2020

Maria a huit ans et elle grandit à Ibiza, un territoire insulaire, ambigu et sacré. Elle prépare un ballet pour sa famille, qui se tiendra un lendemain de pleine lune. Il y avait quarante ans qu’aucun enfant n’était né à S’Estanyol, terre paysanne située à côté du village Jesùs, au sud-est de l’île.

https://vimeo.com/622500851

BONA NIT

Ces photographies sont issues de situations rejouées, et gravitent autour des thèmes de l’enfance rurale, de l’insularité et de la lumière. Elles ont été initiées en 2018 à Ibiza, terre rouge dite sacrée, où ni scorpions, ni vipères, ne prospèrent. Le bruit court que s’il y avait une attaque nucléaire, l’île serait un des derniers refuge sur terre. Trois figures archétypales sont convoquées, celle de l’enfant divin, celle de la grand-mère riche de ses comptines et celle du magicien, à la fois veilleur et Merlin l’Enchanteur. Trois figures, tantôt aveuglées par la lumière vive et brûlante du Sud, tantôt qui s’en protègent, et qui rejouent l’esprit de l’île. Un éblouissement qui traduit aussi le lien avec l’extérieur, depuis la finca, la maison blanche, ou avec les rêves, comme l’indique le titre, Bona Nit, bonne nuit en catalan.

Comme de vaillants défenseurs de leur territoire, Pépé, Maria, Margarita, sont aidés ici par des créatures magiques, associés là à un bestiaire d’animaux terrestres ou marins qui alimentent les mythes et l’utopie insulaires. Autant de gestes de résistance des rites et des pratiques, inscrites dans une Histoire qui peut dépasser l’Espagne elle-même, face à l’effacement dû au tourisme de masse, à l’image des comida ou des petits théâtres. 

Depuis petite, chaque été, je vais à S’Estanyol. Ce territoire, je l’aime et je le connais, ma famille y a vécu. Il y a quatre ans que j’ai amorcé ce travail photographique et cinématographique, et je tiens à le continuer sur la durée et à l’alimenter chaque année. Mon rapport à cette terre s’est intensifié à la naissance de Maria, enfant d’Antonio et de Mariela, les seuls voisins qui sont comme une seconde famille. Elle est pour moi la sœur que je n’ai pas. L’architecture de nos deux maisons a servi de structure à l’installation photographique ; les fincas sont des fermes traditionnelles construites en blocs, travaillées à la chaux, à étage unique, aux murs d’un blanc éclatant. La circulation entre les images a été pensée en lien avec les différentes pièces – une dédiée aux songes, aux sorts, à la magie et au sacré, une dédiée à l’enfance, au jeu, au théâtre, à la vie, et enfin, une dédiée à la naissance. J’utilise le tissu comme élément de lien ; entre l’image fixe et l’image en mouvement, le passé et le présent, l’individu et son groupe, la matière et le vivant. Ces images ce sont des voiles — aquatiques ou cérémonielles, des étendards, des entrées possibles dans des espaces fictifs ou désirés.

Pépé et Pavarotti, 30×45, 35mm, 2020
Petit théâtre, 30×45, 35mm, 2020

Maria et Pavarotti, 30×45, 35mm, 2019
Maria en soleil, 30×45, 35mm, 2020
Orelletes de Margarita, 30×45, 2018
Sepias, 30×45, 35mm, 2021
Siesta, 30×45, 35mm, 2019
Maria en oiseau, 30×45, 35mm, 2020
Maria et Celine, 30×45, 35mm, 2020
Barraguet, 30×45, 35mm, 2021
Bruja, 30×45, 35mm, 2019

Gallinas, 30×45, 35mm, 2021
Pépé en Merlin l’Enchanteur, 30×45, 35mm, 2020

Vue d’installation de diplôme aux Arts Décoratifs, 2020, © Mathieu Faluomi
Vue d’installation de diplôme aux Arts Décoratifs, 2020, © Mathieu Faluomi
Vue d’installation de diplôme aux Arts Décoratifs, 2020, © Mathieu Faluomi
Vue d’installation de diplôme aux Arts Décoratifs, 2020, © Mathieu Faluomi

Emma Tholot (1994) est diplômée des Arts Décoratifs de Paris. Son travail se construit à partir de situations documentaires, principalement dans l’espace méditerranéen, qu’elle confronte à l’univers des mythes, contes et légendes. Imprégnée par la culture populaire et la tradition orale, elle cherche à créer des « utopies concrètes », hébergeant l’imaginaire, comme le ferait une cabane ou un théâtre. 

Des figures archétypales comme la lune, la barque, l’arlequin ou le cercle par exemple — sont à l’origine de ses recherches et intuitions. Elle cherche à les faire vaciller, et ainsi tendre vers la poésie ou la fiction. Le fait d’injecter au présent des figures familières et parfois archaïques lui permet de questionner leur actualité ; émerge alors une documentation sur la façon dont on maintient éveillés les rites communautaires et les histoires, nourritures, tenues, croyances et désirs, qui soudent les êtres vivants entre eux.