Gala Vernhes-Chazeau

Diplômée de scénographie, 2020
École nationale supérieure des Arts Décoratifs, Paris

BAL, Buy A Life



BAL (Buy A Life), est un projet d’installation immersive vouée à être présentée à un public.

Elle aborde, à travers le prisme et les codes d’un magasin d’ameublement immaculé, la manière dont la mise en scène et les codes capitalistes se sont emparés de l’authenticité et de l’intime de nos vies, pour en faire commerce.

La recherche menée pour ce projet, permet la traduction par les espaces des manières dont nos désirs sont tordus, nos représentations exacerbées, nos frustrations et nos valeurs bousculées, par un temps dans lequel tout semble représenté, prêt à être vendu.

Elle est vouée à être prolongée à travers de nouveaux lieux de représentation, comme la galerie, le musée ou les plateformes digitales.



BAL est une installation abordant les défauts de l’uniformisation de nos styles de vie. 

Son origine est un questionnement sur la notion d’authentique, devenu tendance, outil de marketing et visible partout aujourd’hui.

Un second facteur compte dans l’inspiration du projet : les plateformes digitales, réseaux sociaux, influences. Publicités vivantes, elles diffusent en permanence dans nos vies des images qui tordent nos désirs, nous font aspirer à une vie différente, meilleure et idéale.

Ce projet d’entreprise fictive est le résultat de cette recherche autour de la déconstruction de désirs, d’aspirations, inconsciemment motivés par le capitalisme. Cette situation s’apparente à celle que la génération Y, et les suivantes vivent, ou s’apprêtent à vivre ; un changement sociétal, régi par les images, les réseaux, une déformation et une porosité entre ce que l’on est, ce que l’on souhaite, et ce que l’on montre ou veut montrer.

L’installation se base sur un premier support : un manifeste/magazine recensant 13 grandes injonctions, mitraillées par l’avalanche d’images continue du scroll. «Soyez heureux», «C’est une place de femme», «Appropriez vous l’authentique»… autant d’injonctions cyniques reprises par des images caricaturales. 




À partir de ces phrases, tracées comme des règles ironiques, l’espace manifeste a pu prendre vie, renversant une par une ces injonctions presque invisibles et pourtant présentes en permanence sous nos yeux.

L’installation prend la forme d’un magasin de mobilier, vendant des détails d’une vie on ne peut plus réelle, authentique : ses défauts, ses trop, ses débordements. À première vue d’une pureté extrême, les aberrations qui y sont vendues viennent salir cet espace immaculé, pour le rendre glaçant, crissant. Sous la lumière assommante des néons, l’atmosphère devient poreuse. 

Chaque objet est ironiquement étiqueté. Les prix sont bas, comme ceux pratiqués par la grande distribution. L’enjeu, faire comprendre au visiteur que les mécanismes pratiqués par le marketing, ne sont pas immuables : on pourra être tenté de se servir, d’acheter certaines pièces, mais on finira par comprendre que ce n’est pas un besoin, que le désir est créé, et ne nous permettra pas d’accéder à ce qui n’est que l’image d’une vie idéale.

Dans de nombreux domaines usant de la scénographie, on retrouve ces principes de mises en scène ; expositions et musées, réseaux sociaux, magasins… Cet ordre de la mise en valeur, de la représentation s’est ainsi infiltré jusqu’au plus profond de nos intimités déformant nos images, créant de nouvelles valeurs. 

À travers un projet comme celui-ci, je m’intéresse à la dimension sociale et politique que portent, en filigrane, le superficiel, le détail. Le mainstream, le populaire et la tendance sont de véritables catalyseurs de ce qui est au coeur des élans et des débats d’aujourd’hui ; inclusivité, féminisme, minorités, appropriation.

Chercher à copier, créer des simulacres de ces espaces me permet de comprendre en ne rendant pas plus grave les mécanismes qui enserrent nos quotidiens, qui se servent de nos luttes et phénomènes de contre-culture pour nourrir un commerce. 

Par essence, ces volontés sont extrêmement liées à l’essence au décor : il s’agit de mises en scène, de cadres choisis, de pièges.


Crédits : Mathieu Faluomi et Gala Vernhes-Chazeau




Gala Vernhes-Chazeau est diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de paris depuis 2020. Elle a également étudié l’archéologie et le textile.

Sa démarche s’inscrit dans une volonté de questionnement permanent sur notre époque accélérée et nos modes de vies. Elle crée des installations immersives et des pièces dialoguant avec les espaces dans lesquels elles s’ancrent pour saisir les consciences.

Sa réflexion se base sur les questionnement de l’authentique, de la mise en scène et de la construction de nos désirs et de nos frustrations liées aux objets et aux espaces, personnels ou publics.

Elle travaille actuellement dans son atelier dans le XIVe arrondissement de Paris et parallèlement avec une agence de muséographie.


gala.vernheschazeau@gmail.com
@gala_vernhes / 0638370381