Diplômé en : Art-Espace ( 2022)
Mail: maxime@bagni.fr
Tél : +33768699909
Rendez-vous sur mon site ou vous pouvez découvrir l’intégralité de mon travail : www.maximebagni.com
MAXIME BAGNI (Paris, 1997), est un artiste-plasticien diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD).
L’artiste explore les potentiels que recèlent les espaces et formes du quotidien à travers l’installation, l’écriture et la transformation d’éléments collectés et collectionnés.
Les objets, les matériaux deviennent autant de supports à des rêves évoqués par les lieux de création des oeuvres, dans l’atelier ou dans l’itinérance.
L’entremêlement entre la sculpture et l’écriture crée alors dans les oeuvres le déroulé d’un récit qui fait langage de toute matière.
L’artiste conçoit l’installation comme la mise en place d’une fondation, une architecture dissimulée, récit intérieur et propre aux objets dont l’apparence entre en contact avec l’anodin, dans la recherche d’un déplacement.
La recherche de la forme intervient dans le choix d’exposer dans des formats et des lieux atypiques : La boîte n°31, galerie-boîte de bouquinistes, Quai de Conti à Paris – Pavillon français du Suncheon Bay Garden en Corée – Chapelle du Saint-Esprit, monument historique laïque – Atelierhaus, Prenzlauer Promenade, série d’immeubles aux fonctions administratives lors de la guerre froide, Berlin, etc.
Par résonance des oeuvres avec des contextes liés aux sites d’exposition ou par un dialogue avec la forme des espaces qui abritent les installations, les objets se chargent d’une identité qui conserve la mémoire de lieux réels ou rêvés.
THE INHABITABLE FLESH OF ARCHITECTURE – 2022
« J’ai conçu cette installation comme la mise en place d’une fondation, une architecture dissimulée, récit intérieur et propre aux objets dont l’apparence entre en contact avec l’anodin.
Ainsi, le seuil entre l’intérieur et l’extérieur des oeuvres présentées est brouillé. Les débris des chantiers voisins à mon atelier d’Ivry-sur-seine sont collectés, transformés, pour dialoguer avec la logique architecturale de cet espace d’exposition. Des bennes, ou du sol où ils sont enfouis – invisibilisés – je les déterre pour leur donner une autre des propriétés de ce qui est enseveli : la fondation.
Tous les éléments collectés, les fûts, les bois formant la rampe, les balais, le verre, conservent un lien fort avec leur site d’origine. Leur déplacement s’est opéré spatialement, mais aussi symboliquement : des chantiers de banlieue du Val-de-Marne où rien ne les dissociaient du banal, à l’espace d’exposition et sa logique rouge, intérieure, fantasmagorique. Les débris deviennent l’ombre de l’architecture, une empreinte du bâtir, somme de gestes anonymes. C’est à la fois le vestige d’une dépense et déjà le monument.
Les mouvements qui m’intéressent le plus sont, selon une expression Deleuzienne, des mouvements aberrants. Ils obéissent à une logique qui ne tient pas au rationnel et nous décentrent. Ainsi la fragilité des fûts, rendus indéplaçables par l’ajout de verre, indistinctement de leur poids. La spirale de la rampe obéissant à sa logique qui confond début et fin, mouvement ascendant et descendant, ce qui fonde et qui est fondé. De même les miroirs crées pour l’installation, à partir d’un métal de thermomètre au point de fusion de 37 degrés, ont le potentiel de se liquéfier et goutter à température ambiante, alimentent une confusion entre image et matière.
Dans cette exposition, la fonction sculpturale tend à empiéter sur l’environnement. Ici tout est paysage. Les sculptures qui composent l’installation sont faites de la matière du quotidien, du monde des échanges, du travail, du domestique. Elles témoignent pourtant de fonctions pré-architecturales réelles ou rêvées : mobilier, structures, mécanismes, outils de mesure de l’espace, de la température. Le corps est, dans cette logique métaphorique, présent dans ces objets.
S’il l’est par les représentations – les fûts comme deux poumons, l’image dans les miroirs ou l’omniprésence du rouge chair – ce sont aussi des attributs psychologiques qui augmentent sa présence. La tâche de Rorchach argentée, les fragments de textes aux accent inconscients, sont autant de formes simples déplacées, engageant plusieurs niveaux de lecture.
Le couvercle d’un bidon, résultat de la fonte de plombs typographiques et de poids de plongée sous-marine, est la tentative alchimique d’alliance entre la lettre et la descente dans une abysse. Dans cette fusion, la lettre, symbolique du récit rencontre le mouvement aberrant de son entrainement dans les profondeurs de la psyché.
La main humaine est ici, selon la formule de Marguerite Duras, une main négative : dans la forme des débris taillés en main-courante d’escalier, fait pour la préhension, celle-ci est omniprésente. Dans les manches d’ustensiles aussi.
Nombre de matériaux utilisés dans l’exposition sont en lien avec le soin. On a prêté au plomb et au mercure des propriétés curatives, leur toxicité n’est plus à démontrer. Le concept platonicien du Pharmakon, un même objet qui peut être poison et remède, m’aide à trouver une perspective plus personnelle dans le cycle de vie et de mort, du nouveau et de l’ancien. Par ce lien, je peux cesser de voir une opposition angoissante, et apprécier les transformations à l’oeuvre dans toute chose qui s’effondre.
J’ai pensé cette proposition en cherchant des ressources tant chez les artistes, les auteurs/trices que chez des architectes. Marco Cruz, à qui j’emprunte ce titre The Inhabitable Flesh of Architecture, a recours à l’analyse d’oeuvres d’art dans sa théorie de l’architecture. De la même manière j’ai recours à l’inspiration de bâtiments : en abolissant toute distinction entre fonctionnel et déserté, habitable et inhabitable. »