Diplômée en Image Imprimée, 2022
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Née en 1998 à Dijon, c’est à l’âge de deux ans que j’ai quitté la France métropolitaine avec ma famille pour passer quatorze années en Outre-mer, de l’Océan Indien (Mayotte puis La Réunion) au Pacifique (Tahiti). J’ai également voyagé dans plusieurs pays (Afrique du Sud, États-Unis, Nouvelle-Zélande). Ces différents environnements culturels, ces communautés très diverses ont, au final, forgé mon caractère et ont influencé ma façon de vivre. À mon retour, je n’ai cessé de mesurer la richesse de cette expérience « nomade » et d’altérité. Cela m’a permis une plus grande ouverture au monde. Forte de ce vécu, j’aime m’en nourrir dans mon travail de création d’images, et ainsi partager ce que j’ai vu, entendu, ressenti lors de mes voyages.
J’ai eu un parcours général en seconde puis spécialisé en art appliqués (Std2A) de la première jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat en 2016. J’ai ensuite fait deux ans de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) à l’école Duperré. Au terme de ces deux années, j’ai réussi à intégrer l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) en équivalence en deuxième année image imprimée, mais aussi l’ENS Paris-Saclay au département Design en première année. Ce double cursus fut intéressant à suivre car j’ai pu goûter au plaisir de l’image imprimée, en apprenant des techniques d’impressions comme la gravure, la sérigraphie ou encore la risographie, et découvrir le monde de l’édition contemporaine. Laissant petit à petit le design de côté, j’ai réussi à trouver dans l’illustration et la création d’images imprimées un potentiel narratif incroyable, riche en significations. Me servant de mon vécu comme matière première, j’ai continué dès lors à raconter des souvenirs, des histoires vécues, des récits de voyage, retranscrivant fidèlement ou modelant le réel selon mon imaginaire.
RÊVERIES AU CŒUR DE RAPA NUI
UNE ENQUÊTE SUR LES DIFFÉRENTES FORMES DE RÉCITS DE VOYAGE ENTRE ETHNOGRAPHIE ET LITTÉRATURE
Mémoire en Image Imprimée, soutenu en juin 2021
sous la direction de Francesca COZZOLINO
« Était-ce donc cela, le voyage ?
Une exploration des déserts de ma mémoire, plutôt que de ceux qui m’entouraient ? »
Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Paris, Plon, 1955, cit. p.452
En quatrième année Image Imprimée à l’EnsAD, j’ai réalisé un travail de recherche aboutissant à l’écriture d’un mémoire portant sur le récit de voyage, entre ethnographie et littérature, avec comme terrain de recherche l’Île de Pâques (Rapa Nui). Celui-ci abordait la manière dont ces écrits produisent des connaissances sensibles sur le monde, en étudiant pour cela les différentes stratégies de narrations, autant textuelles que visuelles présentes dans le récit de voyage, témoignant d’une connexion sensible et subjective du voyageur au monde. Ce mémoire fut un premier pas en avant dans ma recherche sur des notions comme l’exotisme océanien, du regard occidental que l’on porte sur les îles polynésiennes, sur les stéréotypes et clichés qui gravitent autour de ces lieux.
AU CŒUR DU MANA
Diplôme en Image Imprimée, soutenu en juin 2022
« Alors qu’elle débute sa promenade avec ses parents dans un jardin à Tahiti, une jeune fille s’éloigne du sentier et se perd inexorablement dans le paysage. S’enchaînent alors de multiples rencontres avec des lieux étranges, emplis d’histoires, de présences, d’une énergie mystérieuse et impalpable. Quel était donc ce fameux mana dont elle avait tant entendu parler ? L’atmosphère des lieux continue de résonner en elle, l’interpellant, et l’amenant à reconsidérer son identité propre. C’est ainsi qu’elle embrasse une nature foisonnante dans laquelle elle se perd, peut-être pour mieux se retrouver… »
(texte de la quatrième de couverture de l’édition de diplôme)
« Au cœur du mana » est un projet sous le signe du partage. Il invite à contempler et à s’immerger dans une expérience de jeunesse, à savoir un voyage singulier en Polynésie française dans l’archipel des Îles-du-vent à Tahiti même, lieu où j’ai passé quatre années de mon enfance. Ce projet de diplôme porte une attention particulière sur la description et la captation de l’atmosphère de certains territoires. Ces fragments de mémoire haut en couleurs dévoilent le temps d’une journée une version intime et personnelle des îles du Pacifique, mettant en avant ce qui m’apparaît comme essentiel pour représenter la culture polynésienne à savoir le « mana » présent dans le paysage.
Le mana serait « la substance même des âmes ». Il s’apparenterait à un fluide vivant mais impalpable, invisible, une force supérieure tenant à la fois du sacré et de la magie, animant et transcendant tout, chaque être, chaque élément dans chaque dimension. Pouvant se rapprocher de l’animisme, – un système de pensée qui considère que la nature est animée et que chaque chose y est gouvernée par une entité spirituelle ou une âme, – j’ai compris en discutant avec des personnes originaires des îles que le mana n’était pas une religion ni une question de foi, mais bien plutôt une expérience subjective et personnelle de l’homme lié à son environnement. C’est une expérience profonde reliant soi et l’autre, un échange se produisant au niveau de l’inconscient, et où l’interprétation réside dans le transfert de l’inconscient au conscient, du sensible au lisible.
Décrochage de la toile dans les ateliers de sérigraphie de l’EnsAD © Claire GOUDEAU
« Au cœur du mana » veut donner du sens aux lieux qui continuent d’habiter encore aujourd’hui ma mémoire. Il invite à concevoir le monde autrement, tout en prenant conscience d’un héritage culturel fort présent dans ces espaces géographiques lointains.
Cette introspection dans mes souvenirs de voyage se cristallise ainsi sous la forme d’une édition proposée dans l’espace d’exposition, accompagnée d’un ensemble de dessins de recherches.
L’édition se veut une porte d’entrée, une invitation à se projeter dans des lieux chargés en histoires et empreints de nostalgie. Le narrateur du livre, un moi enfant, convie le lecteur à contempler, à s’immerger, à s’imaginer dans ces paysages tantôt réalistes, tantôt fantasmés, transformés par les yeux d’un enfant curieux et éveillé. On traverse alors des jardins d’eau, des sentiers de randonnées au cœur de la montagne, une cocoteraie, une forêt, une grotte, une rivière ou encore un marae, site sacré pour les polynésiens. Plusieurs temporalités s’enchevêtrent et notre marche partant du petit matin nous amène à une révélation à la tombée de la nuit.
Reliure et cartonnage par l’étudiante © Claire GOUDEAU
Ce diplôme s’est achevé par une performance sonore. Elle consistait en la lecture des derniers chapitres de mon livre, rythmée par des percussions traditionnelles polynésiennes. Il m’importait de faire connaître et de transmettre cette part du patrimoine régional des îles. Il y a des traces de mana qui résonnent dans ces percussions ; on retrouve à l’intérieur d’elles une source d’énergie collective qui rassemble et anime tout un chacun, rappelant à la fois des bruits de pas, des battements de cœur et des vibrations possibles émanant du paysage. Je tiens une nouvelle fois à remercier mon ami Oscar Descamps, musicien diplômé du Conservatoire Artistique de la Polynésie française, pour son aide et sa confiance dans ce projet.
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