Lucile Paras

diplomée en cinéma d’animation (2020)

Née en 1997, Lucile Paras est une réalisatrice de films d’animation basée à Paris.

Elle travaille particulièrement la technique du collage, qui fait écho à sa passion pour les chimères, les êtres hybrides, les monstres. En 2021, elle termine son projet de diplôme et premier film, Godzalina, un film de monstre féministe et loufoque en collages animés. En 2022, elle co-réalise avec Claire Vallès le clip de Wide Awake, pour la musicienne Anne Paceo.


contact

lucileparas@gmail.com


Godzalina

2021 / collages animés / 5 min / couleur / court métrage étudiant

Alors qu’une jeune femme qui se fait harceler dans la rue se met en colère, un drôle de monstre géant apparait pour lui prêter main forte : Godzalina.

La bête possède un pouvoir étonnant : faire rétrécir ses adversaires en rugissant. D’un cri rageur, Godzalina réduit le harceleur à la taille d’un petit pigeon. La jeune femme se lie alors instantanément d’amitié avec la créature. Devenues complices, elles vont arpenter la ville de Paris, investies d’une mission de taille : faire rétrécir les hommes trop envahissants.

Godzalina, 2021

À travers Godzalina, je souhaite parler du sexisme dans ses manifestations quotidiennes et banalisées, notamment dans l’espace public. Je choisis de traiter ce sujet de manière légère, afin de pouvoir mettre en scène différentes situations et comportements sans que cela soit pesant pour les personnes qui en sont quotidiennement victimes. Le film fait donc appel à l’humour, à l’absurde et au burlesque, comme une petite blague un peu piquante que l’on glisse l’air de rien dans une conversation tendue. 

Je trouve important d’aborder la question des violences sexistes en dépassant le simple état des lieux. Le personnage de Godzalina permet ainsi de mettre en avant cette idée de réaction, de transformation, de changement, sous un angle fantastique. Cette drôle de bête hurlante, qui donne le ton décalé du film, n’est pas seulement un clin d’oeil affectueux à son confrère nippon Godzilla et aux films de monstres en général. C’est à travers la bête que se matérialise le pouvoir de la jeune femme dès lors qu’elle réagit face à ce qu’elle subit. En criant sur son agresseur, elle fait apparaitre cette créature protectrice et transforme sa colère en offensive.
En un éclair, elle passe du statut de victime à celui de super-héroïne radicale qui traque sans pitié les hommes aux comportements sexistes. 

Devenus victimes à leur tour, ils amènent malgré eux une surenchère de situations comiques dans lesquelles ils sont confrontés à leur condition nouvelle d’hommes rétrécis, désormais hors d’état de nuire. Invisibilisés, ils se font littéralement marcher dessus et n’ont plus qu’à faire de la place à celles qu’ils opprimaient jusqu’alors. 

Si les réactions de Godzalina et de la jeune femme face à certaines situations peuvent parfois sembler disproportionnées, c’est parce que le le film ne cherche pas à être moralisateur. Il est avant tout un exutoire loufoque, l’évacuation par l’humour d’un sentiment de ras-le-bol : l’histoire d’un monstre qui hurle pour celles que l’on écoute encore trop peu.