Marine Ducroux-Gazio

Diplômée Art-Espace (2023)

marine.ducroux@yahoo.fr

Diplômée en 2023 de l’École Nationale Décoratifs de Paris, Marine Ducroux-Gazio vit et travaille à Paris. Elle mène un travail à la croisée de la recherche, de l’écriture, de la sculpture, de l’installation et de la vidéo. Elle interroge l’uni-sémantisme d’un monde rationnel et travaille le sensible comme outil de lien et réseau entre les vivants, comme faille et possibilité politique.

Le rêve, les distorsions de réel et le potentiel énigmatique et fictionnel des choses construisent son rapport à la forme. Il s’agit notamment pour elle de créer par déplacement et modification, en réarrangeant les topos de nos réalités quotidiennes occidentales et anthropocentrées, qu’il s’agisse d’objets, de mythologies anciennes ou de récits capitalisto-industriels.

Elle travaille plus particulièrement sur les relations entre sculpture, imaginaire collectif, formes fictionnelles et utopie; se basant notamment sur la proposition du penseur F. Jameson dans son Archéologie du futur1. Il y évoque le rapport de l’utopiste à une forme de matériau brut que serait sa société, et même à une sorte d’atelier utopique, proche de celui de l’inventeur ou du sculpteur, où peut être dépassée la «crise d’imagination historique» qui nous affecte.

Par le billet de différents médiums, en parallèle à un travail de collecte de récits, elle tente de faire surgir des possibilités de liens et de tendresse, de rouvrir le temps et les possibilités afin de renoue avec une certaine attention du futur.

En attendant que le vaisseau prenne l’échelle de nos larmes, vue d’installation, 2023

« (…) Encore une interruption. La zone a peut-être coupé les ondes. Blanc poli, les angles obtus de ses pattes se reflètent sur la surface métallique qui le supporte. Là, il se contemple et s’imagine glisser le long des cheveux de cuivre. Sagement, il écoute les basses fréquences des murmures dont il ne connaît pas la source. En contrebas, des poids cosmiques viennent de tomber du ciel en pluie d’argent. Toute la surface du paysage qui s’étend devant lui en est recouverte (…).

De cette chute demeurent quelques vestiges. Un avion de papier s’est délicatement posé au-dessus d’une mer grise. Son ressac chante en polyphonie avec la musique silencieuse qui, maintenant qu’on peut s’en apercevoir, sort de ces petites oreilles invisibles, placées en équilibre sur les échelles d’acier.

Icare ramasse ses ailes d’oiseaux, regarde l’étendue des ruines et s’envole dans les nœuds du bois. Il a terminé son voyage. Le petit matin a laissé sur la table de chevet une aile, minuscule et blanche, comme une plume d’oreiller, mémoire de cette promenade mentale. »


Extrait du texte d’Alice de Maillard et d’Anna Koch à propos de « En attendant que le vaisseau prenne l’échelle de nos larmes », 2023

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En attendant que le vaisseau prenne l’échelle de nos larmes, vues d’installation, 2023

« Juste un rêve dans lequel je soigne un oiseau blessé. Je me souviens de la chaleur de son ventre entre ses plumes. Son coeur très rouge donne sa couleur au rêve. »

Rêve 07, collection personnelle, 2022
Lae rêveureuse et les forêts, 2023
En attendant que le vaisseau prenne l’échelle de nos larmes, vues et détails d’installation, 2023
D’autres Icares, dyptique vidéo, 2023
  1. Archéologies du futur: Le désir nommé utopie et autres sciences-fictions, Frederic Jameson, Les prairies ordinaires, 2021 ↩︎