Yoann Bry

Diplômé en Design graphique (2023)

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Instagram : @yoann_bry

Au cours de ma formation à l’école des Beaux-Arts, j’ai été captivé par la gravure sur bois, qui est devenue pendant de nombreuses années mon principal moyen d’expression, suivi de la sculpture et de l’installation. À mon arrivée à l’école des arts décoratifs, mon approche, jusqu’alors centrée sur les techniques plastiques et manuelles, s’est ouverte au domaine de la création numérique. Depuis lors, j’ai cherché à concilier ces pratiques et à explorer de nouvelles formes en combinant la technologie et les processus artisanaux.

Le terme «Matrice», dérivé du grec «hystera», signifiant «utérus», est utilisé dans le contexte des techniques de l’estampe pour désigner l’outil de production et de reproduction des impressions. Une fois sa fonction remplie, la matrice est généralement détruite. Dans les domaines de la typographie et de la sculpture, une matrice est un outil permettant de réaliser des empreintes. Ce terme polysémique évoque des notions essentielles qui m’ont profondément interpellé, notamment celle de la reproduction sous toutes ses formes, ainsi que les idées d’essence, d’origine et de genèse.

Depuis plusieurs années, je travaille à partir d’une seule et unique matrice mentale, la «Matrice originelle», avec laquelle je génère une multitude d’images-matrices et d’objets-matrices, de manière exponentielle, suivant une logique fractale. À la frontière entre artisanal, numérique et organique, ces matrices constituent ainsi une véritable généalogie du «geste créateur», une mise en abîme infinie.

Au cœur de mon travail réside également un aspect essentiel dédié au concept de «martyr». Ce mot dérivé du grec «martus», signifiant «témoin», désigne, dans les domaines mécaniques et techniques, un plateau fait d’un matériau tendre destiné à supporter les dépassements d’usinage, perçages ou fraisages; il est placé sous la pièce à usiner afin de protéger la machine d’elle-même. Je récupère ces objet-martyrs dans différents ateliers afin d’y apporter certaines modifications de surface, visant à renforcer leur aspect mécanique, à faire ressortir leurs traces, leurs empreintes et leurs symboles, et à présenter leur valeur intrinsèque d’objets-matrices. Malgré leur vocation à disparaître, martyrs et matrices conservent en eux le précieux témoignage des processus de création et des gestes qui les ont façonnés, révélant ainsi leur propre histoire jusqu’à leur destruction.

Mon travail aborde les notions de mémoire et de témoignage à travers le spectre de la reproductibilité et à partir de différents processus tels que l’altération, la dégradation, la destruction et la récupération. Il s’inspire des procédés de production industrielle, mais en refusant la standardisation et la perte de la dimension humaine qu’ils impliquent. Par l’utilisation de médiums variés tels que l’installation, la photographie, la peinture, la sculpture, la gravure, l’impression et l’édition, je tente d’explorer les potentialités et les limites de la matière, en donnant vie à des formes hybrides émergeant de la rencontre entre matériel et immatériel, physique et métaphysique. Je tente de réveiller le potentiel poétique de la technologie, à créer des objets qui transcendent la froideur des algorithmes et des machines. Chaque matrice possède en elle la capacité de générer une autre matrice.

Vue de l’exposition Matrices, projet de fin d’études, École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, juin 2023 | crédit photo : Elsa Carnielli
Le Typographe, 2023, 130×164×4 cm, encre taille douce sur panneau en médium contrecollé sur cimaise en bois | crédit photo : Janice Ajaya
Le Dancefloor, 2023, 149×108×2 cm, peintures glycéro et aérosol, encre taille douce sur panneau en mélaminé | crédit photo : Janice Ajaya
Matrice #7, 2023, 60×60×2,5 cm, transfert sur plâtre | crédit photo : Janice Ajaya
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