Diplômé en : Art Espace (2021)
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Laissés pour compte
Sur le travail de Louis Chaumier
Structure métallique à même le sol ou ensemble d’œuvres rassemblées sur une plateforme recouverte de moquette grise, les œuvres de Louis Chaumier tracent des espaces vides. Si la présence humaine est marquée par les matériaux utilisés, produits de la standardisation de nos sociétés, l’absence des corps interpelle. Les restes d’occupation possible de ces objets semblent avoir été effacées. Comme si la zone délimitée par une moquette poétiquement banale ou des rayonnages métalliques venait d’être abandonnée.
Parmi ces objets laissés pour compte, certains semblent avoir été ou être destinés au stockage. A une forme de rayonnage issue d’entrepôts, répondent des sculptures en contreplaqué ayant l’aspect d’armoires et un portant en métal. Présentés vides ou presque, ils appellent une réflexion sur l’accumulation. Comme l’écrit l’architecte théoricien Yona Friedman : « l’utilisation d’un objet n’occupe […] qu’une infime fraction du temps de sa durée d’existence, ce qui représente un gaspillage inimaginable. […] Pendant le temps de non-utilisation (attente) ces objets occupent une place de stockage (ce qui représente encore un autre gaspillage) 1».
Objets en tout genre, formes créées pour les ranger, étendue d’espace nécessaire au stockage de l’ensemble : de ce triptyque de la consommation contemporaine, l’artiste ne garde que certains éléments. Il en extrait des matières, en retravaillent les formes, et crée un espace de flottement. Il perturbe les usages habituels des objets et de l’espace, laissant la place à l’incertitude. Louis Chaumier invite ainsi à une contemplation poétique du vide et de son pendant qu’est le (trop) plein.
Marie Plagnol
1 Yona Friedman, Utopies réalisables, [Collection 10/18, 1975], 2ème édition, Paris, Éditions de l’éclat, 2000, p.103.
