Diplomé en: Image Imprimée, 2021
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Ma pratique est une approche de l’édition comme mode d’expression, au croisement du dessin et du collage. Ce projet prend la forme d’une collection d’objets éditoriaux et d’images imprimées jouant sur la juxtaposition de légendes ou de mythes issus de l’antiquité et de l’âge médiéval occidentaux avec des figures de la culture moderne, lettrée ou populaire.
Plusieurs genres, à priori distants, entrent en collision dans ce travail, notamment lorsque les Métamorphoses d’Ovide rencontrent les protagonistes des séries télévisées Riverdale et Les Nouvelles Aventures de Sabrina, empruntés à l’univers d’Archie Comics, dévoilant ainsi une tradition orale et littéraire perpétuée par des générations de conteurs et créateurs qui donnent sans cesse de nouvelles formes à leurs histoires.
Ce travail plastique et textuel est l’héritage de l’écriture d’un Mémoire portant sur l’idée du refus de la fin de la jeunesse, cette période ambiguë, de transition, entre l’adolescence et l’âge adulte. Du Pierrot lunaire au jeune poète romantique, de Peter Pan à Neverland au Grand Meaulnes dans son Pays Perdu, les personnages mis en scène se situent perpétuellement dans un entre-deux, à la fois vis à vis de leur identité et de leur perception du monde extérieur.
The Brightest Star – L’étoile la plus brillante – retrace l’oxymore que vit Craig, jeune boxer qui découvre son homosexualité dans le film Like It Is de Paul Oremland. Ayant comme point de départ l’insulte Lavender Boy, utilisée dans le langage anglo-saxon pour désigner un garçon qui serait considéré comme trop féminin, ce fanzine imprimé intégralement en linogravure, confronte la virilité caractéristique de l’univers de la boxe à la délicatesse de la découverte de la sensualité du corps masculin.
L’iconographie générale du projet cherche à s’inscrire aussi dans une tradition de représentation homosexuelle par plusieurs aspects, dont l’identification à la parure et l’utilisation de l’idée du masque comme accroche symbolique d’une identité en mouvement. Le télescopage entre ces univers ne se retrouve pas seulement dans le contenu des récits racontés, mais également dans la forme visuelle que ceux-ci prennent. Le monde du fanzine et de l’auto-édition populaire vient s’insérer, progressivement, dans celui de la gravure et de l’estampe classique, créant ainsi un florilège flottant dans lequel des personnages, ailleurs en marge, trouvent leur place et leur lumière.
Des Roses en Janvier est une adaptation d’une légende du folklore médiéval portugais. Librement inspiré de la vie historique des monarques Dinis et Isabel de Aragão, ce livre illustré revisite l’héritage et cherche à perpétuer la voix d’un personnage féminin emblématique qui, ayant exprimé malgré l’époque ses principes politiques et sociaux, marque encore à présent la culture portugaise. C’est sous une forme éditoriale classique détournée que des intrigues familiales se mêlent à des affaires politiques.
When The Dark Falls et The End of All Things – Quand la nuit tombe et La fin de toute chose – sont deux séries de monotypes inspirées de l’univers de la série Les nouvelles Aventures de Sabrina. Les figures de la sorcière, du magicien et du mortel, isolées dans une toile de motifs étoilés, interagissent par l’association des différents visuels carrés qui, assemblés, créent une mosaïque d’icônes éclectiques. Des arrêts dans le temps deviennent ainsi des objets spirituels faisant écho à la culture contemporaine de la star.
Deux légendes se croisent dans Sur les eaux du marais. Celle de Leucothoé, mise à mort par son père une fois ce dernier ayant appris sa romance avec Apollon, et celle d’Inês de Castro, dame de compagnie dont l’amour pour le Prince Pedro lui coûta la vie, sur les ordres du Roi du Portugal. Tournant autour de quatre figures mythologiques et historiques mises en miroir, cette série d’estampes illumine la violence potentielle des rapports familiaux.
Parmi cet ensemble éditorial, nous retrouvons des réinventions de personnages mythologiques ou historiques – tels que Apollon, Leucothoé ou encore Isabel, Reine du Portugal – d’autres issus de l’univers folklorique et merveilleux – Pierrot et Lucifer – et encore Sunflower, protagoniste central, fil rouge de la collection. Inspiré des classiques Le Paradis perdu (Milton) et L’Enfer (Dante), le livre Sunflower’s Lament – La complainte de Sunflower – dévoile une épopée originale qui raconte le parcours initiatique de Sunflower, né de Clytie et de son amour rayonnant pour Apollon.
Notre jeune à la vision fleurie choisit son chemin et s’écarte peu à peu du héros traditionnel du roman d’apprentissage. Mettant la réflexion avant la violence et l’empathie avant la haine, Sunflower – en tête de parade et suivit par tous les autres masques qui habitent ces images – s’émancipe des fantômes du passé et accomplit ainsi sa quête d’amour et d’identité.
Dans la série d’estampes qui accompagnent le livre, nous retrouvons Sunflower et immergeons l’univers surréaliste qu’il habite. Ses rencontres avec des réinterprétations visuelles contemporaines des personnages de la mythologie grecque antique – Leucothoé, Orchamus et Apollon – tissent le réseau formel qui constitue ce parcours initiatique. Entre une forêt fleurie et un château dans les airs, le trait irrégulier et contrasté de la pointe sèche donne à voir au spectateur cinq étapes de ce séjour magique.