Hortense Degos

Diplomée en Architecture intérieure, 2021

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Panta Rhei

Reflexion du philosophe grec Héraclite, «toutes les choses coulent».
Evoque une évolution cyclique en opposition à l’écoulement linéaire, relatif à l’étude de la matière fluide.

L’eau est une matière architecturale extrêmement riche, que ce soit par sa fluidité, sa transparence, ses lumière et ses sons. Tout en elle diffère des matériaux de construction qu’elle côtoie. Cette richesse sensuelle à su inspirer des architectures spectaculaires, conçues comme des décors, de la fontaine à la piscine, jusqu’au parc aquatique.

Pour parvenir à leur fins spectaculaires, ces espaces sont généralement très artificialisés, eau chauffée, chlorée, pulsée, drainée, évacuée, dans des espaces à l’atmosphère artificielle, de la température de l’air aux décors et ornements déconnectés de leur environnement local. L’eau est cependant un élément dont la richesse se trouve dans notre environnement naturel, particulièrement dans l’atmosphère et les phénomènes météorologiques.

Mon projet interroge le caractère artificiel de ces constructions. Je propose de repenser le décor architectural de l’eau en faisant émerger un espace à la fois ludique et instructif, une forme de parc aquatique nouveau qui trouve son dynamisme dans les évènements météorologiques hydriques. La forme architecturale et ses matérialités sont mises au service de l’eau et des phénomènes climatiques qu’elle génère, dans une scénographie qui a pour vocation de reconnecter les citadins avec cet élément environnemental. Elle révèle les mystères impalpables d’un élément climatique et du cycle infini qu’il opère entre la terre et l’atmosphère.

Donner vie à ce projet impliquait en premier lieu une sélection de site suivant des critères météorologiques. Les évènements météorologiques avec lesquels je désirait principalement travailler étaient les phénomènes de brouillard, de pluies et de marées. Mes recherches m’ont menées aux ruines des Sutro Baths, sur le littoral de San Francisco, aux Etats-Unis. Un milieu urbain au climat très humide qui permettait l’émergence d’une nouvelle forme d’espace public de l’eau.

Ce site présente un climat humide tout au long de l’année. Les précipitations tombent en saison hivernales, le brouillard d’advection, dû à la rencontre de masse d’air froide de l’océan Pacifique et chaude du continent, en saison estivale. L’océan Pacifique dont l’eau reste fraîche toute l’année, avec un maximum de 17°C en août, soumet le site à deux marées par jour, avec un marnage de 2 m.

Le parc est équipé d’un mobilier chargé de soutenir le visiteur dans son parcours au gré des phénomènes météorologiques ; installations lumineuses pour le brouillard, passerelle pour les marées, et abris pour les temps pluvieux convertissables en sièges de repos par temps clair.

Les flux hydriques du parc se mêlent aux flux météo et océaniques existant. L’architecture s’oriente selon la direction et les points d’impact de ces flux pour faire émerger des dispositifs de récupération, de remplissage de rétention et de diffusion d’eau en tenant compte des pleins et creux architecturaux existants. Le parc créé différentes boucles de circulations de l’eau en reliant ces dispositifs ou les isolants. Ces eaux sont systématiquement rendues à l’océan, ou directement à l’atmosphère par évaporation.


Cette circulation organisée de l’eau dessert la série d’évènements scénographiques qui ponctuent la ballade. Ces évènements reprennent chacun une étapes du cycle de l’eau, que le visiteur est amené à découvrir par le jeu ou la contemplation ; évaporation, condensation, ruissellement, infiltration, précipitations (pluie et brume), stagnation, et évapotranspiration. Le fonctionnement de chaque station est lié à l’hygrométrie du site. Leur effets sont donc perceptibles cycliquement, au rythme des saisons et des événements météorologiques.

Les matérialités du site réagissent différemment à l’humidité ambiante. Certains sont poreux, hydrophobes, glissants, d’autres se laissent traverser par le liquide, participant ainsi activement à la vie et au dynamisme du parc.