Image Imprimée, 2021
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Issue d’une famille d’immigrés venus de toute l’Europe, Joséphine grandit dans une fratrie de trois frères et sœurs, maternée par une mère juive séfarade et canalisée par un père ashkénaze. L’influence de ce mélange culturel provoque dans son travail, un syncrétisme entre attention particulière aux formes esthétiques et pratiques instinctives, et un intérêt presque obsessionnel aux systèmes formés d’hypothèses, de connaissances vérifiées et de règles logiques.
Son travail se concentre sur plusieurs techniques d’impression telles que la gravure sur cuivre, la linogravure, la sérigraphie, la lithographie, l’édition et l’illustration. Elle expérimente également en parallèle les possibilités apportés par le travail du textile et du tissage.
Le thème fédérateur de toutes ses recherches et travaux est l’exploration de l’inconnu.
Particulièrement inspirée par la documentation scientifique, elle tente de réinterpréter, représenter et créer des objets sensibles à partir de données et recherches qui se basent sur une logique scientifique. Mais les thèmes du sacré, de l’ésotérisme, de l’étude des mystères et du cosmos sont récurrents dans ses projets.
Tourisme ésotérique et reliques stellaires
L’idée est évidente: deux mille milliards de galaxies rien que dans la partie observable de l’Univers, il semble impossible qu’il n’y ai pas d’autre vies. La question se pose alors, -Sommes nous seuls dans l’Univers?
Malgré la place centrale que tient le premier contact dans ce projet, ce sont véritablement les grandes approches interprétatives de ce sujet qui m’intéressent. La recherche s’est donc portée sur des tentatives et des propositions de représentation des differents champs culturels qui tendent à répondre et à interpréter cette question.
Ici ils sont trois, d’une part, au travers de concepts cosmologiques, qui étudient la science des lois physiques de l’Univers, de sa formation et de son expansion. Notions qui sont le plus souvent abstraites pour la majorité, avec des idées qui passent par des échelles impossibles à comprendre, car l’humain n’a pas été conçu pour les manipuler. — Quand l’échelle humaine tente d’appréhender l’échelle cosmique—.
D’autre part au travers de mythologies populaires qui comprennent en leur sein une banque d’images, de ressources et de vidéos considérable, dont l’intention est de prouver une seule et même vérité : IELS existent et nous ont déjà visité·e·s. —Supposons que les extraterrestres soient inclusifs—. C’est le mythe moderne des Ovnis
Et enfin, par l’interpretation divine d’un croyance et la dimension messianique de possibles êtres venus d’ailleurs.
Tourisme ésotérique et reliques stellaires donne à méditer sur une dualité à trois branches, entre science, foi et croyance populaire. C’est un projet qui joue sur des ambiguïté entre fiction et documentaire, entre réalité et imaginaire, entre visible et invisible. Il repose sur la tension entre une superstition récréative et un culte obsessionnelle en passant par la démystification d’un phénomène. Les differentes pièces de ce projet naissent d’une convergence entre imagination scientifique et recherche artistique. Chacune de ces propositions et tentatives ont le désir d’inviter le spectateur à une réflexion personnelle sur sa propre vision de cette question.
T H E H O L Y W O R M H O L E
Image tirées d’une simulation séquentielle du cosmologiste Alain Riazuelo. C’est la représentation du phénomène de la lentille gravitationnelle, l’effet optique provoqué par la force de gravité d’un trou noir.
Le trou noir est un objet céleste fascinant, à l’intérieur duquel le temps s’y change en espace et l’espace en temps. Lieu de chamboulement complet de tous nos repères, il apporte des théories très intéressantes dans la recherche de vie et de mondes dans l’univers notamment avec la théorie des trous de vers. Hypothèse que certains trous noirs seraient des connexions vers d’autres régions de notre espace temps.
Le tissage me permettait d’emprunter aux codes de la tapisserie des étendards et des iconographies religieuses pour continuer à créer des objets ambiguës entre ces différents champs culturels religieux et scientifiques qui composaient mon diplôme.
V R A I E A R C H I V E D E F A U X F L Y E R S
Ufologie vient de UFO, Ovni en français, l’étude des ovnis et des histoires qui tournent autour du mythe extraterrestre.
Il s’agit d’un phénomène aérien observé par des témoins qui peut avoir été enregistré (vidéo, appareil photo, radar, etc.) sans avoir pu être identifié, dont on ne connaît pas la nature exacte et qui, pour certains, reste inexpliqué même après enquête approfondie.
Pierre Lagrange, sociologue des sciences, le définie comme « la plus formidable controverse parascientifique du xxe siècle »
J’ai assisté l’année dernière à des conferences et des diners ufologiques, des réunions de personnes passionnées et convaincues qui m’ont plongé dans leur univers et leur croyance fascinante.
Ces faux flyers se définissent comme des objets graphiques qui me permettent d’interroger des rhétoriques visuelles et de me pencher sur la pratique amatrice du flyer. J’ai du déconstruire tous les codes graphiques qui m’ont été enseignés pour être au plus proche de ces moyens de diffusions populaires et m’interroger sur la communication d’une croyance.
La Risographie en dehors de son regain de popularité dans l’illustration était initialement utilisée pour imprimer des tractes, flyers et documents rapidement à couts réduits.
E T L’ A L I E N C R É A D I E U
3m x 1,50m
La chape liturgique est un manteau ample, sans manches avec capuchon, que le prêtre, et d’autres ministres religieux, revêtent lors de certains offices solennels, en dehors de la messe.
Ici elles sont l’apparat cérémonial qui résulterait d’un culte d’entités non existantes, qui pourraient être ces fameux extra-terrestre. Ces pièces viennent questionner les notion de miracle, de foi et de croyance en se réappropiant les codes cultuels pour créer ces tentures ou sculptures de tissus à l’appartenance ambiguë.
C’est la tentative d’un rapprochement entre science et religion à une époque ou ces deux écoles sont extrêmement éloignées.
Les capuchons présents sur les chapes (rajouts de tissus en demi cercle) sont des images sublimées (transfert sur tissus) de mise en lumières de differentes zones d’Abel 520, une galaxie qui présente des anomalies intrigantes sur la matière noire.
La chape noir est habillée de la retranscription brodée de la carte des pulsars. La carte envoyée dans l’espace sur la plaque de Pioneer embarquée à bord des deux sondes Pioneer 10 et 11 en 1972 et 1973. Les pulsars, (contraction de pulsating stars) sont des cadavres d’étoiles, petites mais extrêmement denses. Elles émettent des ondes rapides à intervalles réguliers. Pour tout observateur elles sont donc équivalentes à la lumière d’un phare observé par un bateau en mer. Elles servent de balises dans l’espace. Frank Drake et Carl Sagan, deux astronomes à l’origine de ce projet ont donc inventé cette carte de repères cosmiques traduits en nombres binaires. Elle permet à partir du centre de notre galaxie de trouver notre système solaire.
F A L S E B U T N O T I M P O S S I B L E
Témoins de systèmes planétaires et mondes imaginaires, traces d’orbites d’exoplanetes fictives.
Images crées à partir de la base de données du satellite Tess et d’un simulateur d’orbite.
Étude du sujet des multiverses qui donnent à repenser les critères de scientificité en faisant appel à l’imaginaire et des notions de philosophie.
Cette série de gravure démarre avec un intérêt particulier pour la théorie des multivers, ou théorie des mondes multiples. Elles sont développées dans les années 1950 par plusieurs physiciens et reposent sur les théories des états quantiques (chat de Schrödinger). Elles supposent que notre monde cohabite avec d’autres, qui sont inaccessibles.
David Lewis, philosophe américain, pense que toutes les possibilités et les mondes possibles sont aussi réels que notre monde actuel.
Les mondes de ces gravures sont possibles car selon Lewis, il y a tout quelque part et que tout est dans l’un de ces mondes.
O V N I S D E S A L O N
Je me suis beaucoup intéressée aux archives du Blue Book Project (la commission de l’US Air force aux Etats-Unis en 1952), et ai trouvé une quantité incroyable de photos et images “témoins” d’apparition inexpliquées.
Ces photos ne présentaient finalement que très peu d’informations visuelles valables et solides pour apporter des preuves aux cas des observations.
Ces images sont si nombreuses, qu’elles composent toute une typologie de systemes visuels. De mauvaises qualités et si peu figuratives, elles ne pouvaient pas témoigner correctement, pourtant elles étaient enregistrées et comptabilisées dans les dossiers d’enquête ouverts à chaque observation.
Comment une photo devient-elle une preuve valable.
Pour les OVNIs ce sont la physicalité de ces photos qui en font des objets spéculatifs. C’est la réalité physique de ces images qui permet l’existance d’un doute sur ces phénomènes ésotériques.
Date: 8 Février 2019
Lieu: Loire-Atlantique
Heure d’observation: 00:23
Type d’observation: Visuel au sol
Source: Civile
Durée de l’observation: 40-50 sec
Nombre d’objets: 1 (11 sources de lumière)
Trajectoires: Sud-Ouest
A N D W E H E A R D A B I G “B A N G!”
Recueil de lignes, de formes et de recherches en deux dimensions sur les mécaniques graphiques scientifiques et les formes esthétiques qui en résultent.
Ce livre s’est construit à parti d’une collection de livres d’astrophysique et de cosmologie qui nourrissent ma fascination pour les mécaniques graphiques scientifiques et les formes esthétiques qui en résultent.
Le papier bleu et l’encre doré reprennent la gamme de couleurs présente dans les autres productions de ce projet (tissages et coutures, fils dorés et velours bleus)
Photos par Beryl Libault, Emma Tholot, Elisa Lhenry, Oscar Ginter