Diplômée en Scénographie (2021)
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Familiarisée avec la scène depuis l’enfance, j’ai d’abord entrepris des études d’information-communication durant lesquelles j’ai développé mon féminisme et mon intérêt pour les questions liées au genre, avant de me tourner vers la scénographie. Parallèlement à mes études, j’ai pu me forger une expérience dans le cinéma en tant qu’assistante décoration. En 2020, en échange à la School of Visual Arts de New York, j’ai suivi des cours de Production Design, Female Gaze et Gender Studies, puis écrit un mémoire: Confinées, étude et critique de l’espace personnel dans ses relations au genre et ses représentations.
L’EnsAD m’a permis de développer ma pratique de l’installation à travers des espaces variables et immersifs sur les thèmes du traumatisme et de la mémoire. Plaçant la dimension émotionnelle et mon engagement au coeur de ma pratique, je crois en la sensibilisation par l’expression artistique.
Domestiquer les méduses, installation immersive, sonore et performance
Portée par mon engagement, je tente à travers mon travail de sensibiliser à certains sujets, comme celui de l’amnésie traumatique dans les affaires de violences sexistes et sexuelles. En effet pour mon projet de diplôme, je me suis attachée à comprendre et interpréter la dimension enfouie de ce phénomène. Résultant d’une dissociation, qui permet de faire disjoncter le cerveau lors d’un épisode traumatique pour survivre à la violence du moment, la mémoire traumatique va demeurer hors-conscience, comme piégée, et refaire surface à n’importe quel moment de la vie de la victime, souvent des années plus tard, envahissant l’espace psychique et lui refaisant vivre la violence passée.
Comme guide, l’ouvrage autobiographie bouleversant d’Adélaïde Bon. La petite fille sur la banquise raconte son amnésie traumatique à la suite d’un viol dans l’enfance et soulève des questions: Pour survivre, faut-il oublier ou se souvenir? Et que se passe-t-il lorsque comme souvent, l’un ou l’autre s’impose à nous ?
De ce récit, je garde les mots et les voix, racontant l’errance, la terreur, et le chemin vers la résilience. À travers un rituel, elle viendront éclairer et faire vivre les reflets de cette mémoire qui jaillit et explose. Je garde également les méduses, ses démons. Utilisant la lumière et son absence comme matériau principal, les spectateurs et spectatrices sont invité.e.s à s’allonger sous l’immense masse mouvante pour une expérience immersive. C’est de cette position allongée et vulnérable, qu’ils/elles expérimenteront une unique fois l’espace variable traduisant ces sensations qui resurgissent, ces étouffantes respirations, ces moments suspendus.
Corps flottant, corps torturé, sa lourde légèreté rend visible l’invisible après un traumatisme : l’orage intérieur qui éprouve une âme, modèle une identité, régit une vie.